Programmation arts visuels
En cours
17 septembre au 5 novembre 2023
Mers d’argent, Francis Macchiagodena
Mers d’argent est un travail photographique en cours qui fait appel au révélateur photographique comme sujet principal. Cette démarche modifie la dynamique du processus photographique en isolant le matériau utilisé pour produire une photographie tirée, et en attirant l’attention du spectateur sur sa nature physique. Lorsqu’on laisse le révélateur liquide s’oxyder, sans intervention du papier ou de la manipulation photographique, il sèche et prend une forme cristalline. Ces formes sont sporadiques et imprévisibles, ce qui constitue la base de l’élément expérimental de Mers d’argent.
À ce stade délicat de la transformation, les objets sont transportés dans un laboratoire photographique où les œuvres sont numérisées à l’aide d’un numériseur à plat haute résolution. Cette opération enregistre leur transformation et crée ce que l’on peut appeler un négatif numérique : un document. Les images qui en résultent sont des fictions. Ce sont des formes de territoires qui n’ont jamais existé, mais qui nous sont familiers : cartes topographiques, paysages texturés avec des montagnes colossales et des distances de terre ou de vagues. Les images de Mers d’argent sont des fantaisies, faisant allusion à des vues aériennes inconnues d’espaces familiers mais impossibles. Ces corps éphémères, capturés en stase, sont des espaces mystérieux. Il pourrait s’agir de photographies de sections sombres et isolées de la terre, ou d’images satellites capturant des étendues incommensurables d’une surface planétaire lointaine et étrange.
L’œuvre est un document à l’intersection entre les technologies numériques et analogiques. Ces technologies sont à la base de l’acte photographique en soi. En créant des manifestations des matériaux utilisés, et en les représentant de manière thématique sous forme d’icônes et de structures, Mers d’argent rappelle l’aspect scientifique des débuts de la photographie. En tant qu’enquête sur l’art que l’on peut trouver dans le processus chimique lui-même, il reflète également l’art des phénomènes naturels.
Réflexions / objects in mirror are closer than they appear, Sonia Bolduc et Annick Sauvé
Concentrés sur cette image de nous que l’on veut bien montrer et entretenir autant dans l’espace intime que public, qu’est-ce qui nous échappe? Qu’est-ce qu’on tait, qu’on dissimule, qu’on nie même afin d’offrir la meilleure version de nous-mêmes?
Sauvé propose en photographie d’explorer l’utilisation de miroirs pour montrer l’envers du décor, ce qui se cache dans l’angle mort du petit miroir de côté, ce qui nous échappe lorsqu’on cherche uniquement notre reflet… ou qu’on tente de l’éviter. Bolduc reprend aussi ces miroirs comme objets de dévoilement de l’âme humaine en y déposant textes et poésie sur ce qui nous habite malgré nous et en invitant le spectateur à se lire dans son propre reflet.
Annick Sauvé et Sonia Bolduc forment un couple dans la vie, dans certaines expériences artistiques et dans la tranquillité de leur coin de campagne. Elles ont cependant une vie sociale à la hauteur de leur curiosité et de leur amour de l’humain, s’intéressent aux relations humaines, aux arts, à l’environnement, à la faune urbaine et aux étranges chemins que l’on prend pendant cette trop courte expérience qu’est la vie.
Elles ont pris part ensemble au projet Téléphonexquis avant de proposer de mai à octobre 2022 à la galerie de la Sacristie de Saint-Venant-de-Paquette l’exposition pauses, laquelle habite les murs de L’Espace dialogue du Musée des beaux-arts de Sherbrooke jusqu’en septembre 2023.
Annick Sauvé a pris part à quelques expositions collectives et en solo, tandis que Sonia Bolduc a partagé ses mots comme chroniqueuse à La Tribune, dans les projets Porte-Voix et Parallèles du Centre d’éducation populaire de l’Estrie, dans la Boîte à poésie de Sherbrooke. Elle publie en octobre son premier recueil, quand tu mourras, chez Hurlantes éditrices.
Les villes superposées et Portraits de lumière II, Laura Criollo-Carrillo
Les villes superposées est une exploration technique et poétique sur la découverte et la compréhension d’un territoire inconnu à travers la captation et la représentation visuelle et sonore de phénomènes imperceptibles aux sens humains. Ce projet prend la forme d’une installation audiovisuelle composée de captations vidéo infrarouges ainsi que de captations sonores comprenant de très basses fréquences, de champs électromagnétiques et de captations sous l’eau réalisées dans les espaces urbains et naturels de la ville de Carrières-sous-Poissy en France.
Cette œuvre propose une réflexion poétique sur les possibilités et les limites de notre perception humaine et comment ces deux aspects, contraires et complémentaires, se présentent comme une opportunité de développer de nouvelles relations conscientes avec l’espace que nous habitons.
Ce projet a été réalisé avec le soutien du Château Éphémère et le Conseil des arts du Canada.
Portraits de lumière II est une installation audiovisuelle qui propose une représentation du tempérament des deux parents de Laura Criollo-Carrillo à travers la combinaison de propriétés de la lumière telles que la couleur, la réflexion et la réfraction. En explorant les multiples possibilités de la lumière sur des matériaux translucides, opaques et réfléchissants, l’artiste crée une gamme variée d’effets lumineux qui évoquent le caractère unique de leur personnalité.
Tout le monde disparaît, mais nous devenons immortels lorsque les autres se souviennent de nous. Se souvenir, c’est transformer la durée des souvenirs et leur permettre de vivre à jamais en nous. Cette œuvre est une exploration de la lumière comme métaphore de notre existence, si puissante et complexe, mais intangible et éphémère, et comment grâce à notre mémoire nous pouvons atteindre notre propre immortalité.
Exposition extérieure sur panneaux
Séries Scène et Duale, Etienne Saint-Amant
18 juin 2023 à la mi-juin 2024
La prise de conscience des implications des mécanismes chaotiques occupe une place prépondérante dans la vision que porte l’artiste sur la nature. Le chaos, pour Etienne Saint-Amant, est la causalité totale des phénomènes selon la perspective déterministe. Il ne s’agit pas de voir le côté instable et désordonné du chaos mais plutôt sa vraie force : une puissance fondamentale, créatrice et évolutive. La vision et le processus de l’artiste sont fortement influencés par cette proposition.
Omniprésente dans son œuvre, la composition à différentes échelles invite à une analyse superficielle suivie d’une analyse minutieuse des détails. Saint-Amant veut créer des compositions denses et riches, aux atmosphères fortes. La technique de création repose sur des piliers scientifiques avant-gardistes mais aussi sur plusieurs principes de compositions classiques.
Saint-Amant est maître de sciences en informatique avec cheminement spécialisé en imagerie et médias numériques. Profondément intéressé par les mathématiques, il est l’auteur d’équations qui se traduisent en divers outils de composition artistique. Les œuvres de l’artiste émergent d’une combinaison de formules qui deviennent elles-mêmes matières et pigments. Saint-Amant se donne comme défi de forger les mathématiques de façon à atteindre les bonnes notes, les bonnes émotions, la bonne énergie.
Etienne Saint-Amant est un artiste originaire de Sherbrooke et son atelier de création est actuellement à Orford, dans les Cantons-de-l’Est. Il a réalisé plusieurs expositions individuelles et collectives sur la scène canadienne et internationale. Il a notamment représenté le Canada, en arts visuels, à l’exposition universelle de Shanghai au Pavillon du Canada. On retrouve son travail dans plusieurs collections publiques, institutionnelles et privées.
Ici, une sélection d’œuvres parmi le corpus de l’artiste a été faite afin de créer un dialogue et une cohérence avec la biodiversité et l’écologie du Parc de la Rive.
Série Scène
Paysages de textures, de lumières et d’atmosphères, les œuvres de la série Scène nous imprègnent d’une ambiance. Chaque œuvre est conçue pour être vue dans son ensemble pour ensuite être observée dans ses plus fins détails. La charge émotive diffère d’une échelle à l’autre, ce qui crée une seconde instance d’interprétation parfois paradoxale. La lumière semble provenir du haut et une ligne d’horizon est souvent perceptible dans ses créations.
Etienne Saint-Amant a commencé la série Scène par des œuvres strictement décrites par un système de formules mathématiques complexes. Par la suite, il a combiné des photographies réalisées par lui-même à cette méthode mathématique. Il a alors inventé une façon astucieuse d’injecter l’aspect photographique en profondeur dans les formules mathématiques et aussi parmi des éléments superposés. Encore plus récemment, Saint-Amant fait de plus en plus de recherches pour une intégration éthique et élégante de l’intelligence artificielle à sa démarche. Les œuvres de la série peuvent être des chimères ou hybrides de chacune de ces techniques.
Série Duale
La série Duale est née d’une collaboration avec Éric Dupont, un artiste-plasticien également scientifique. Des toiles à l’huile sont numérisées et intégrées dans les compositions. Elles sont aussi injectées en profondeur dans les formules mathématiques utilisées dans la conception de l’œuvre.
Bercée par le polymorphisme de la dualité, cette série explore l’infiniment grand et l’infiniment petit. L’un travaille autant avec l’algèbre que la géométrie. L’autre découvre que ses gestes et mouvements intuitifs sont intrinsèquement fractals. Ils associent tous deux émotion et esthétisme ainsi que le mouvement et le statisme.
Dans un contexte de fragilisation de la biodiversité due aux activités humaines, ils ont choisi une approche constructive. Au lieu de blâmer ou tenter d’indigner la population, ils font l’éloge de la biodiversité par une évocation des formes de vie. Ils le font dans un esprit esthétique et romantique. L’objectif convoité, par cette action sociale et artistique, est d’ancrer une sensibilisation profonde dans le cœur des visiteurs. Ils souhaitent en quelque sorte enrôler la population dans un devoir (conscient ou inconscient) de protection de la biodiversité.
Merci à la Ville de Sherbrooke pour son soutien dans la réalisation de cette exposition!
À VENIR
17 novembre au 17 décembre 2023
Exposition collective des membres: Le dedans du dehors
VERNISSAGE: jeudi 23 novembre 2023
Pour lire les règlements relatifs à l’inscription à l’exposition des membres, dirigez-vous vers Exposition des membres >>
PASSÉES
29 janvier au 19 mars 2023
VERNISSAGE // 29 janvier 2023, 14h
La cour des ossements, André Lemire
La cour des ossements, le boneyard, est un lieu d’entreposage de ce qui ne sert plus, pour un instant ou pour toujours. C’est l’endroit, dans le milieu du spectacle extérieur, de l’événementiel ou du cirque, où les éléments scénographiques et le matériel technique se retrouvent en transition, en attente d’être assemblés ou transportés. C’est un endroit en perpétuelle transformation, à la géographie changeante, où rien n’est voué à être définitif. C’est là où sont rangées les boîtes vidées de leur contenu, les décors brisés en vue d’une éventuelle réparation qui ne vient parfois jamais. C’est là où l’on dépose tout ce qui n’a pas encore trouvé sa place. C’est ainsi que chaque spectacle a son boneyard caché quelque part derrière le chapiteau.
Depuis les années soixante, les visiteurs des différents parcs d’attraction de Disney peuvent faire l’expérience du Hall of Presidents, une attraction toute américaine mettant en scènes des répliques mécanisées, des animatroniques, de présidents marquants de l’histoire américaine. D’Abraham Lincoln à Donald Trump, ceux-ci prononcent des discours, se lèvent et s’assoient, et créent une illusion de vie qui se veut la plus convaincante possible. L’émerveillement est ainsi mis au service d’un idéal de patriotisme, de force. Mais à quoi ressemblerait une attraction qui, plutôt que la force et la grandeur, chercherait à exprimer la fragilité de l’expérience humaine? À quoi ressemblerait une pareille attraction tombée en désuétude, un boneyard d’animatroniques délaissées?
C’est ce que tente d’explorer La cour des ossements, qui met en scène l’échec et l’anti-performance, à l’image d’un monde chaotique et complexe dans lequel l’imperfection, la dysfonction et l’erreur jouent un rôle essentiel. D’une présentation à l’autre, les éléments constitutifs de l’installation s’usent, se brisent, se réparent ou se combinent, se recyclent sous une autre forme, dans un processus additif où rien ne se perd, suggérant une forme de vie à mi-chemin entre l’automate, le végétal et le mycélium qui semble coloniser de plus en plus l’espace d’exposition comme la jungle sur les ruines d’une cité perdue. Les objets cherchent ici à prendre vie, à respirer même parfois, sans toutefois y arriver complètement. L’imperfection du créateur s’est manifestée dans l’imperfection de la créature. Le travail n’a pas été complété. Et pourtant, un semblant de vie se manifeste…
Bruit blanc, Patricia Gauvin et Claude Majeau
La présente exposition de Patricia Gauvin et de Claude Majeau explore les obstacles à nos aspirations et le difficile passage au « faire ». Tel un journal personnel, Bruit blanc est façonné de papier, de son et de lumières qui témoigne des différents moments de la création. Séduisantes et rassurantes, des clôtures s’érigent comme des remparts à la démesure de l’imagination. Le bruit blanc évolue en torture silencieuse qui nourrit l’indifférence et nous prive de notre sens créateur. On se love dans ce non-lieu désengageant. Cette installation attire l’attention sur le côté dérisoire des barrières. Les obstacles deviennent l’espace d’un instant franchissables. Le projet invite à voir les difficultés avec ironie. Tel un dispositif qui impose au spectateur un trajet multisensoriel. Il s’agit de partager les limites avec l’étendue des émotions que la création fait vivre.
Patricia Gauvin et Claude Majeau ont entrepris une réflexion sur le processus de création et les déterminants sur ce qui les mène à abandonner un projet où s’engager jusqu’à son aboutissement. Ayant toutes deux une pratique collaborative, les allers-retours entre création, échange avec la communauté et temps d’arrêt sont au cœur de ce type de pratique. La métaphore de la clôture se prête à la distorsion, au détournement et à sa transformation des limites en défis.
Corps tarissable, Véronique Hamel
Engagée dans une démarche expérientielle basée sur l’impermanence et la répétition, Véronique Hamel s’interroge sur la relation entre le corps et l’esprit. Les troubles psychosomatiques qui obscurcissent son quotidien l’amènent à explorer l’étendue des effets de l’endurance et de la résilience.
Corps tarissable témoigne de ce processus intuitif où le froid sert de référent sensoriel. Son corps lui étant devenu étranger, l’artiste mène une quête de réappropriation. À travers des œuvres performatives, installatives et des dessins instinctifs, Véronique Hamel recrée, de manière métaphorique, sa réalité parfois débilitante.
Un corps qui s’adapte au froid pour éviter les engelures et l’hypothermie. Ce même corps qui s’est conditionné à envoyer, de façon soutenue, des signaux de douleur même en absence de dommage corporel. Une adaptation de protection dans les deux cas. L’une bénéfique, l’autre incapacitante.
Cette dualité met en évidence le côté pervers de la résilience. Ces observations soulèvent des questions par rapport à cette aptitude admirée dans une société centrée sur la productivité. Le côté honorable de la persévérance nous fait-il oublier de questionner la légitimité ou la pertinence de nos ambitions? Comment repérer ce point de bascule où la persévérance forme des œillères qui relaient les atteintes psychiques à l’angle mort?
2 avril au 28 mai 2023
VERNISSAGE: 2 AVRIL, 14h
Écrans et enveloppements, Johanne Bilodeau
Cette nouvelle installation, Le jardin-atelier, s’inscrit dans la pratique de Johanne Bilodeau comme la continuité narrative de La chambre-atelier, installation exposée au Musée des beaux-arts de Sherbrooke en 2022. Ces récents projets visuels tirent leur origine d’une recherche autour de l’idée de l’écran-enveloppement.
Dans Le jardin-atelier, l’artiste se penche sur l’élaboration de motifs graphiques inspirés de son environnement naturel et domestique. Puis, elle s’amuse à mettre en relation ces différents symboles par des jeux de juxtapositions et de répétitions. Un langage singulier voit alors le jour, fait de suites, de mots imagés, de phrases insolites, de textes visuels, de pages vibrantes, d’écrans.
Pour l’artiste, les écrans sont des surfaces planes ou des bas-reliefs sur lesquels l’œil voyage et dans lesquels le regard se perd. Un premier enveloppement est généré par la relation entre l’œuvre installative et le regardant. L’expérience se situe principalement dans la superposition des écrans et le corps du visiteur.
Dans Le jardin-atelier, Bilodeau choisit de revisiter la structure en demi-sphère (dessinée en 2002 et présentée pour la première fois en 2017 sous le titre de La maison-robe) en l’abordant, cette fois, comme une capsule. Par un jeu d’écrans souples composés de divers matériaux textiles, l’artiste s’amuse à recouvrir et à codifier les parois du refuge. Ce faisant, elle crée un second enveloppement et donne forme à un nid d’introspection. Cet espace propice à la création, l’artiste souhaite l’introduire comme une parenthèse bienveillante, une cellule évoluant en retrait du chaos environnemental actuel.
Tant que je pourrai noircir, Marie-Claude Robillard
Tant que je pourrai noircir est une réflexion approfondie sur le processus de la pensée. En écrivant de façon inlassable des réflexions de nature sociologique sur ses tableaux, l’artiste explore l’hypothèse selon laquelle le processus de la pensée est en mutation continuelle. Par cette action, elle tente de ralentir la succession et l’enchaînement des idées afin de mieux comprendre et questionner ce mécanisme psychologique immuable et complexe.
Dans cette série de Robillard, l’accumulation d’écrits est mise de l’avant et constitue le point d’ancrage de son œuvre. Contrairement à la majorité de son corpus où il y a retrait et altération de la surface, les tableaux proposés ici sont réalisés uniquement par addition d’écriture. D’une œuvre à l’autre, la variation de la densité de la rédaction de même que les différentes nuances de blancs et de noirs créent un rythme au travers des compositions qui illustrent elles-mêmes différents instants ou sensations provoqués par nos réflexions. En employant la peinture encaustique, un procédé ancestral à base de cire d’abeille, Robillard crée des tableaux sur bois et des monotypes sur papier. Ce médium permet la réalisation d’un palimpseste en multipliant les couches de cire et de texte.
Cette superposition d’écrits, qui ne pourra jamais être lue, fait opposition au surplus d’information qui nous entoure de même qu’à la divulgation abusive de soi devenue possible par les différents réseaux sociaux. Mais encore, elle réfère également au silence; un concept central à la pratique de l’artiste. Robillard tente ainsi de faire voir l’inaudible en faisant taire tous les codes du langage, en brouillant les signes pour transformer l’écrit en œuvre à la mémoire de l’invisible.
La genèse d’un cercle, Louise Marois
La présente exposition propose deux volets distincts de dessins au graphite sur papier, un sur les champignons et un second sur divers végétaux. Ce travail en est un sur l’évolution d’un fruit comme celui d’une plante aborigène, du manteau d’un insecte comme le rond imparfait d’une cellule. En parfaite harmonie avec le mouvement de la main, de l’œil et du temps qui s’organise, ici, tout ce qui sépare ou rapproche de l’autre est issu du vivant ou du mort, de ce qui évolue ou de ce qui est révolu.
Présentées dans une suite chronologique, les œuvres apparaissent comme des hublots, astéroïdes, cellules, cadrans or, il s’agit en vérité de fruits, de noyaux, de pédoncules et d’écorce, d’écailles ou encore de fibres tous surchauffés par le procédé du feu puis, dessinés. Ces sujets de forme exclusivement circulaire suggèrent l’évolution ou à l’inverse, la décomposition, mais surtout, l’inexorable cycle dans lequel nous nous sommes invité.e.s.
La préoccupation écologique est au centre de ce projet, l’artiste nous invite à nous interroger sur ce qui nous attend dans un futur rapproché.
18 juin au 3 septembre 2023
VERNISSAGE 18 JUIN, 14h
Jardins réinventés de la Saint-François | Expositions intérieures:
Zombie capitalisme, Oli Sorenson
Zombie capitalisme se veut une continuation des projets Anthropocène (2021) et Capitalocène (2022), où Oli Sorenson explore encore plus profondément les impacts de l’humain sur l’écologie de la Terre.
Déployé sur une multitude de moyens expressifs tels impressions, collages, peintures et sculptures, Zombie capitalisme propose de saturer l’espace d’exposition avec un accrochage in-situ d’images conçues sur ordinateur, aux formes géométriques simples et aux couleurs extrêmement lumineuses. Toujours sous l’approche du remix, l’artiste s’inspire de nouveau de l’iconographie Néo-conceptuelle de Peter Halley, de la mise en page carré d’Instagram et du traitement pixélisé de Minecraft pour aborder une thématique plus anxieuse et sombre que ces sources échantillonnées.
Tandis que la production récente de Sorenson évoquait une ère géologique définie par les activités industrielles (interconnexion informatique, agriculture intensive et d’extraction de ressources non-renouvelables…), Zombie capitalisme puise dans les écrits du géographe Manouk Borzakian (Géographie zombie, 2019) pour associer l’économie mondiale avec cette figure morte-vivante, dépourvue de volonté autonome, obéissant aveuglément aux règles marchandes et plaçant le profit avant le bien-être des populations.
Dans son ensemble, le nouveau corpus de Zombie capitalisme évoque les conditions planétaires à venir, qui nous obligeront, à la manière d’une apocalypse zombie, à ré-imaginer de nouvelles stratégies pour survivre dans un monde plus hostile envers notre civilisation. Parmi les artéfacts de ces activités humaines, dévoilant l’intensité des chaînes d’approvisionnement mondiales, leur processus d’extraction minière, de consommation de masse et d’enfouissement des déchets, Sorenson étale les emblèmes des crises déclenchées par ces infrastructures capitalistes, notamment les pandémies, guerres, inondations, tempêtes, feux de forêt et ainsi de suite.
Appar.aître / Appar.être, Amélie Lemay-Choquette
Consciente que l’identité individuelle et collective est au cœur de réflexions sociétales depuis toujours, Amélie Lemay-Choquette s’intéresse à la personnification, à l’identité et au processus nécessaire pour arriver à se connaître et oser apparaître à l’autre de manière authentique et assumée. Son propos visuel aborde la notion d’identité et trace concrètement la complexité associée à cette quête quotidienne. Comment définit-on une personne, une chose? Est-ce par le nom qu’elle porte, par sa forme, par son énergie, ou encore par ce qu’elle dégage au-delà de son apparence? Quelles sont les caractéristiques qui définissent la spécificité de chacun?
D’abord influencé par le contexte de son époque, le projet d’exposition propose une projection singulière (consciente ou inconsciente) de soi en relation avec l’autre. Réalisées avec différents médiums sur des supports variés tels le verre et l’acétate puis présentées via des dispositifs de nature à transformer l’image, pensons ici aux éclairages et la projection d’images, les réalisations de l’artiste la confrontent et la lient à l’autre par la matière. Tous ces « autres » portent des prénoms androgynes qui titrent les œuvres de ce corpus.
Appar.aître / Appar.être c’est la capacité de se voir, d’être vu et oser être à part… pour être… ni plus, ni moins, ce que l’on est vraiment, c’est-à-dire un être unique et singulier.
Attentions, Jeanne Caron
Au cœur de l’installation Attentions réside la cohabitation de l’immobilité et du mouvement, de l’harmonie et du chaos, de la paix et du danger. Jeanne Caron propose de prendre un moment pour contempler les extrêmes qui nous habitent, pour sauter d’un bout à l’autre du spectre. L’observateur est invité à plonger dans un univers tourmenté et magnifique, celui de l’humain.
Dans sa démarche, Jeanne Caron explore les questions s’axant autour de l’intimité émotionnelle, cet aspect des relations interpersonnelles qui varie en intensité selon les relations, le moment, et qui implique la perception de la proximité d’un autre tant au niveau de la compréhension, de l’affirmation et de la démonstration de la bienveillance.
Jeanne Caron utilise ici la narration et les codes tirés de la culture populaire afin d’accueillir plus aisément l’autre dans sa proposition. Selon elle, l’art est un outil de communication intuitif par lequel nous nous associons et nous nous reconnaissons. C’est par ce langage universel que nous trouvons enfin notre compte.
Jeanne Caron a été sélectionnée parmi la cohorte 2022 des finissant.es du Certificat en arts visuels de l’Université de Sherbrooke.
Lire entre les lignes, Valérie Maltais
La pratique artistique de Valérie Maltais s’inspire de l’expérimentation et de l’exploration des propriétés de la matière. Dans Lire entre les lignes, l’artiste offre une nouvelle matérialité aux livres. Les pages provenant d’ouvrages recyclés ont été tissées, transformant le papier en matière textile.
Chacun des livres se trouve suspendu dans l’espace, les pages enroulées sur elles-mêmes et reliées entre elles avec un fil de coton, rappelant la reliure traditionnelle. Le tissage du papier, inspiré de l’art textile et des métiers d’art, permet de remanier l’apparence et le propos des livres. Le spectateur est amené à circuler dans l’installation pour prendre le temps d’observer et de découvrir des mots de façon aléatoire et ainsi de composer une nouvelle histoire qui lui est propre.
Valérie Maltais a été sélectionnée parmi la cohorte 2023 des finissantes du Certificat en arts visuels de l’Université de Sherbrooke.
Merci à nos précieux partenaires!
Pour en savoir plus sur le volet extérieur des expositions estivales, rendez vous sur la page des Jardins réinventés de la Saint-François >>
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